Le secret de Morgane Ortin
Résumé
Dans le train qui la ramène de Marseille à Paris, Morgane s’ennuie.« Confiez-moi un secret » demande-t-elle à ses abonnés.
Des centaines de messages affluent, tous plus personnels les uns que les autres. Elle en lit un, deux, puis elle les dévore tous, touchée par la fragilité qui s’en dégage. D’où lui vient cet intérêt pour l’intimité de ces personnes ?
La curiosité se mue en enquête, mais à mesure qu’elle progresse, un souvenir émerge à l’ombre des secrets des autres : le sien. Une histoire de famille secrète et douloureuse, celle d’une lignée de femmes marquée par le silence.
Ma note
Le récit d'une enquête captivante
Le secret est dans ma PAL depuis fin 2021. Alors que j’étais en panne de lecture, je me suis dis qu’il allait m’aider : c’est un roman sans que ce soit une fiction. C’est une étude sociologique sans être un essai. Et le tout écrit par une autrice qui a la réputation d’avoir une très belle plume. Le risque ? Que je ne sois pas captivée. Que nenni, j’ai passé un moment très intéressant avec cette lecture. Il se trouve que, d’emblée, Morgane Ortin a généré chez moi une identification au récit. Et en même temps, cela semble évident, après coup. Chaque personne est confrontée aux secrets à un moment ou à un autre de sa vie. L’autrice elle-même nous avoue qu’elle sait qu’il y a un énorme secret de famille de son côté mais qu’elle trouve bien plus simple de creuser ceux des autres. Cette approche, très intime finalement, m’a accroché et m’a beaucoup parlé.
"Grandir, c'est prendre conscience que l'on habite des maisons peuplées de silences."
Des thèmes communs alors que différents
D’un point de vue littéraire, Le secret a suscité en moi de nombreuses reflections très intéressantes. J’ai pris énormément de notes pendant ma lecture. Ce livre, et les anecdotes racontées par les gens qui entourent le silence, en disent très long sur notre société. Et finalement les différents individus y sont tous confrontés. Sur les normes, les attentes familiales, parentales… Mais aussi sur les angoisses, le quotidien féminin. Comment se fait-il que nous soyons presque toutes confrontées aux mêmes problématiques ? Un point qui ressort d’ailleurs très régulièrement est la culpabilité maternelle. Ainsi que la culpabilisation familiale. Et la crainte profonde de celle-ci. Enfin, il y a les fantasmes. Ceux-ci m’ont aussi interpellés. Le plus frappant est celui autour de la grossesse : ce qu’elle doit être, devrait être, que l’on voudrait qu’elle soit… pour les autres ! Combien de nos projections ont poussé quelqu’un à se taire ?
Et toi ? Quel est ton secret ?
De mon côté, je déteste les secrets. Est-ce parce que toute ma petite enfance en est un immense ? Je ne me souviens de quasiment rien avant mes 6 ans. De quel événement ma mémoire me protège-t-elle au point de transformer 6 ans de ma vie en énorme secret ? En conséquence de quoi, si je dois me taire sur un sujet qui me concerne, je vais paver le chemin de la révélation avec des briques si énormes qu’il faudrait les escalader. Impossible de ne pas voir que j’ai quelque chose à dire. Mon silence est si gros qu’il prend toute la place. Mais alors, ce livre n’a-t-il pas renforcé mon aversion pour le secret ? Eh bien, pas du tout. Ce qu’il m’a apporté, c’est une meilleure compréhension du choix de se taire. Il a suscité en moi énormément d’empathie pour les personnes qui choisissent de ne rien dire. Et si je n’ai jamais fait l’amalgame entre secret et mensonge, j’ai compris ici de nombreuses subtilités circonstancielles. Je peux donc dire que c’est un texte très intéressant !
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