Hoka Hey Neyef

Résumé

Dès 1850, les jeunes amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d’exterminations subventionnés par l’état, et lors des déportations. Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve.

Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d’un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion. Il va croiser la route de Little Knife, amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l’embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l’homme et le garçon vont s’ouvrir l’un à l’autre et trouver ce qui leur est essentiel : l’apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l’un et la découverte de son identité et de ses origines pour l’autre.

Ma note

5/5

Une surprise de taille

Hoka Hey est une BD qui m’attend dans ma PAL de la médiathèque depuis bien trop longtemps. Je crois bien l’avoir prolongé 4 ou 5x, c’est honteux. Mais ce n’était jamais le bon moment. Pourtant, arrivé vraiment à la dernière échéance possible, j’ai vu qu’elle avait gagné le Prix Livraddict 2023 catégorie BD et je n’ai plus hésité. Et voilà, quelle belle surprise ! Evidemment, ce sont toujours ceux que l’on rechigne le plus à lire qui sont les plus prenants. Ainsi, je peux le dire : quel coup de coeur. Aucun doute, je continuerai de découvrir la bibliographie de Neyef !

"Chaque coin de cette terre est sacrée. Pour nous, chaque arbre, chaque plante, chaque animal possède un esprit. La nature et nous ne formons qu'un tout. C'est nous qui appartenons à la nature. Pas l'inverse. Nous faisons tous partie du lien sacré de la vie, chacun avec son rôle à jouer."

Une vengeance sacrée

D’emblée, j’ai été subjuguée par les illustrations. Ainsi, le format traditionnelle de la BD se voit enrichie de couleurs magnifiques et de paysages à couper le souffle. De fil en aiguille, cela donne envie d’enjamber les cases et d’humer l’air de l’ouest américain. Hoka hey nous emmène à la rencontre de Georges, mais aussi du clan de Little Knife. C’est une histoire de vengeance en apparence, qui est surtout une histoire de réapprentissage de la vie. Comme avec Georges, Little Knife nous enseigne les principaux éléments de la vie d’indiens d’Amérique du Nord. Hoka hey est leur cri d’encouragement lorsqu’ils entraient en bataille. 

Des valeurs fortes

Je crois que ce que j’ai le plus aimé, c’est que le récit est tout en nuance. La colonisation blanche est dénoncée, fortement. De cette façon, on se plonge dans un récit profondément humain, à la rencontre d’indiens qui ont tout à nous apprendre. J’y ai trouvé de nombreuses valeurs. Mais aussi des notions fortes comme la vengeance, et le refus du pardon. J’ai aussi été interpellée par cette idée que l’on demande toujours aux victimes de pardonner, jamais aux bourreaux de se repentir. Et si l’un et l’autre étaient profondément nécessaires à la guérison de notre Terre ? 

Pourtant, ce qui m’a le plus abasourdie, c’est le constat que souvent, l’oppresseur ne comprend pas d’où vient la vengeance de l’oppressé. Arrive alors le terme de sauvage. Celui de monstre. Voilà pourquoi Hoka Hey est pour moi une belle façon de remettre en question profondément nos croyances, et la discrimination bien établie dans laquelle beaucoup d’entre nous ont été élevé. Et c’est ce qui en fait une BD nécessaire qui a totalement mérité son prix. 

8 commentaires

  1. Je me rappelle avoir pensé quand je l’ai lu que ce bel album « one shot » traitait une histoire sur laquelle un auteur de BD « classique » (pré-publiée dans le journal Tintin) avait publié une série de 20 albums au siècle dernier (Buddy Longway, de Derib)…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

    1. Je ne connaissais pas du tout Buddy Longway, merci pour ton commentaire ! J’avoue que je préfère les illustrations de Neyef, mais c’est aussi du à l’époque j’imagine.

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