L'Aspinaute Laura Bresson
Résumé
« Je me suis souvent sentie seule et incomprise, jusqu’à ce que je découvre il y a 7 ans le témoignage de personnes Asperger, et pas seulement surdouées et timides.
Depuis, j’ai voulu entamer les démarches, mais avec moi, tout est toujours compliqué : je ne saisis pas tout, j’ai l’impression d’être enfermée dans un bocal, qu’on ne me comprend pas. L’impression de venir d’une autre planète.
Je suis dans ma bulle. Comme un astronaute en voyage sur Terre qui ne quitterait jamais son casque. »
Dans un univers pastel et sans limites, Laura Bresson nous livre un témoignage plein de vérité, d’humour et d’émotions. Elle y aborde son parcours vers le diagnostic, ses difficultés, ses peurs mais aussi ses découvertes et ses victoires.
Ma note
Encore une réussite à découvrir aux éditions Leduc
En ce mardi, je viens vous parler d’une BD un peu différente. C’est souvent le cas, d’ailleurs, dans le label Graphic des éditions Leduc. C’est ce qui fait que je l’adore ! Après un témoignage sur la dépression en format Webtoon grâce à Tacméla dans Porte-Bonheur. Puis #CoupleParfait… ou pas, dans lequel Juliette Mercier nous parle de l’amour moderne, les éditions Leduc invitent une nouvelle autrice à leur catalogue. Laura Bresson nous présente ici un témoignage sur elle-même, L’aspinaute : une asperger en voyage sur Terre.
Ce récit autobiographique de 300 pages est vraiment très intéressant. Il y a énormément de texte, il est très dense, mais tout est pertinent. Je préfère prévenir tout de suite : je suis bien incapable de vous proposer une chronique exhaustive de cette BD. Je préfère d’emblée vous encourager à la découvrir pour vous-même. Vraiment. Lisez-là.
"Bonjour, j'écris cette lettre pour vous expliquer pourquoi je pense être peut-être Asperger."
Une BD très claire
Laura Bresson nous parle ici de son long chemin vers deux diagnostiques. Le thème central de L’Aspinaute est évidemment le spectre autistique asperger. Ainsi, elle défait les clichés autour de ce syndrome très large pour l’humaniser. Il n’est nullement question ici de pathos de sa part, ni de jugement de son parcours ou de ce récit pour la mienne. J’ai trouvé courageux de sa part d’en parler, de se livrer à coeur ouvert comme elle le fait, en étant précise et minutieuse.
Au delà de l’autisme, on y parle aussi de la maladie de Lyme, ce qui a aussi été pour elle un parcours long et sinueux. Cette BD est donc d’utilité publique afin de faire de la prévention. Sans généraliser, elle nous livre son vécu, et j’ai d’ailleurs pu alerter quelqu’un de ma famille dont Lyme était dormant depuis des années sur un potentiel réveil. Que ce soit au sujet d’Asperger ou de Lyme, tout y est très précis et clair, et c’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié.
Impossible de tout mentionner
Au delà de l’aspect autobiographique du récit, cette BD est une analyse de la société. Les groupes ne sont pas une chose à prendre à la légère, alors lorsque certaines personnes sont en mesure de créer des clans, de prendre le pouvoir (sur un individu ou sur un groupe), c’est assez impressionnant. En lisant L’Aspinaute, j’ai beaucoup réfléchit à mon propre fonctionnement, à cette intégration, à la loyauté envers le plus fort… que nous observons tous, même lorsque nous ne participons pas au système établi, que je fuis rapidement pour ma part. Je trouvais la notion d’ego très présente.
Enfin, je tiens à souligner l’aspect émotionnel et physique à laquelle doivent faire face les femmes en général, mais les femmes autistes en particulier : les relations toxiques et le patriarcat. L’autrice a du se construire et se reconstruire sans fin du début à la fin de ce témoignage, de différentes manières. J’ai aussi très envie d’ajouter la mention LGBTQIA+ à cet avis, parce que la visibilité est importante. Sans partir en analyse de tout ce que j’ai pu y trouver, je ne peux que vous recommander L’aspinaute pour cette raison, ainsi que pour la déconstruction des clichés autour du spectre autistique. Bravo à Laura Bresson pour ce travail de haute qualité.
