L'île aux enfants Ariane Bois
Résumé
C’est l’histoire de Pauline et Clémence, deux fillettes inséparables, deux sœurs vivant près des champs de cannes à sucre, qui un jour, en allant chercher de l’eau à la rivière, sont enlevées, jetées dans un avion, séparées, et qui devront affronter bien des épreuves avant de comprendre ce qui leur est arrivé. Il ne s’agit pas d’un conte pour enfants, même cruel, mais de la véritable histoire des exilés de la Creuse, un transfert massif d’enfants venus de l’île de la Réunion pour repeupler des départements isolés de la métropole en 1963, contre leur gré et celui de leurs familles, devenue un scandale d’état. Dans ce roman, c’est la fille de Pauline, Caroline, qui, trente ans plus tard, mène l’enquête sur l’enfance de sa mère, provoquant ainsi des réactions en chaîne et l’émoi de celle qui pour survivre a dû tout oublier…
Ma note
Une thématique très forte
J’ai découvert L’île aux enfants à travers le Prix des lectrices Charleston grâce à la maison d’édition. Je savais que j’allais aimer la plume, puisque celle-ci m’avait déjà parue belle et touchante. Mais Ariane Bois nous livre ici un récit incroyablement fort sur les enfants de la Creuse. Un sujet bien trop méconnu qui mérite de l’être. L’autrice nous livre ici le point de vue de Pauline. Elle est une jeune femme kidnappée (c’est important de le dire) par les autorités françaises afin de repeupler une zone rurale française. Nous plongeons dans ses émotions d’enfant perdue dans l’Hexagone après avoir passé sa vie à jouer dans la rivière réunionnaise. Quelle déchirure. J’ai ressentie toute son incompréhension, toute sa déception. Toute sa tristesse de penser avoir été abandonnée par ses parents, alors qu’il n’en était rien. Quelle horreur. Se construire dans ces conditions, un exploit que beaucoup n’ont pas réussis. Grandes victimes de décisions prises par des hommes d’État sans compassion ni humanité, qui ne voyaient le monde qu’à travers les chiffres.
« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. »
Un héritage familial
Plus tard, dans une seconde partie, nous découvrons sa fille, Caroline. Elle va remonter le temps, remonter l’histoire de sa famille et découvrir ce qu’est devenue sa tante Clémence. Elle va mener un voyage initiatique vers la terre qui a donné naissance à la branche généalogique de sa maman. Et nous livrer les secrets de cette île tropicale. Une immersion, un dépaysement incroyable qui fait du bien. La relation entre Pauline et Caroline se fait houleuse, compliquée. L’une n’ayant aucune envie de remuer le passé, l’autre en faisant une quête existentielle nécessaire à son développement personnel mais aussi professionnel puisqu’elle souhaite être journaliste. On retrouve cette thématique autour de l’héritage des douleurs qui m’a encore une fois fait réfléchir.
D'une force incroyable
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce roman m’a profondément fait vibrer. L’écriture d’Ariane Bois me faisait ressentir toutes les émotions des personnages. Jusqu’à l’engourdissement dont fait l’objet Pauline a un moment donné. Je tremblais de rage et d’indignation. J’étais hors de moi d’un point de vue humain et d’un point de vue politique. Le roman est assez court, il ne fait que 217p. et pourtant il est d’une intensité rare. Il aurait tout autant mérité de remporter le macaron « Prix des lectrices Charleston » que Marie Vareille. (Que je vous recommande aussi sans hésiter, mais ce n’est pas le sujet de cet article, n’est-ce pas ?). L’île aux enfants est un ouvrage à lire absolument, tant il est intense et touchant. Incapable de m’arrêter, je l’ai lu d’une traite et il a généré une émotion très intense en moi. Une perle à découvrir absolument !
Cet article a initialement été publié sur mon ancien blog.
J’avais été très touchée par ce livre!
Oui les romans de l’autrice le sont généralement <3
[…] La chronique complète disponible sur mon nouveau blog : sorbetkiwi.fr […]