A la place du coeur Arnaud Cathrine

Résumé

Six jours dans la vie de Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de janvier 2015 où la France bascule dans l’effroi.

Ma note

Un premier tome dur mais juste

A la place du coeur est une saga difficile à lire, que l’on soit ado ou adulte. Après une soixantaine de pages, les larmes se sont mises à couler. Après une petite pause, encore une fois. Puis après une autre petite pause, définitivement. Nous rencontrons Côme. Il vit son premier amour (d’où sa place en Saint-Valentin), sa première relation sexuelle, son esprit se dirige doucement vers les débats, vers la réflexion plus approfondie de ce que le monde peut lui offrir. L’amour, l’amitié, la réussite sociale, l’ouverture culturelle par le biais de son option théâtre… 

Mais avant tout, Esther, cette jeune femme de sa classe dont il est fou amoureux. Jusqu’au jour où tout bascule. Deux terroristes viennent faire voler en éclats toutes les illusions d’un monde simple aux jeunes gens. Deux attentats en plusieurs jours. Et la culpabilité de ne vouloir qu’une chose : être heureux.

Une plume percutante

Arnaud Cathrine est habile dans son art de manier la plume. En lisant, j’entendais la voix de mon frère de 15 ans, à l’époque, qui s’exprimait de la même façon.  Qui voyait le monde de la même manière. L’auteur a su doser les paroles d’adolescents et les paroles d’adultes, qui viennent parfaitement trouver leur place ici, qui expriment d’une part, et qui expliquent de l’autre, notamment à travers la professeur de philosophie et théâtre. Dans tous les cas, n’importe qui peut s’y retrouver. 

Parce que ce que l’auteur nous démontre également, c’est que n’importe qui peut-être et à le droit d’être touché par ce qui s’est passé. Mais que le monde continue également de tourner, et que l’horreur ne se situe pas toujours très loin. Que la haine générée par ces actes horribles poussent les gens aux pires malveillances. Qu’il ne faut pas céder à la tentation de la haine. Ce roman soulève de vrais questionnements, il nous interpelle dans nos croyances, dans nos ressentis, de façon très personnelle.

« J’y ai cru. J’y ai cru. J’y ai cru. Putain, j’y ai cru. J’y ai cru. J’y ai cru. J’y ai cru. »

Une suite éprouvante

Dans la saison 2, nous allons assister à la dépression de Côme, et c’est très dur, mais c’est aussi très froid. C’est là la grosse différence pour moi de la première saison, où la blessure était plus vive. Différente, simplement. Ce n’est qu’à la fin du roman que vient le 13 novembre, cette nuit atroce… Et pourtant, les attentats font partis du quotidien des jeunes gens. Caumes, Esther, Niels, Swann… Quand l’envie de vouloir être heureux se transforme en haine, c’est tout le ton du roman qui change. 

J’ai trouvé l’approche d’écriture intéressante ici, puisque nous avons le point de vue de Niels et d’Esther, mais ce n’est pas tout à fait ce que l’on croit, et j’ai été surprise du retournement de situation à ce niveau là. Néanmoins, les débats de la première saison me manquaient un peu. Sa profondeur n’est plus aussi évidente, bien que toujours là, il faut juste chercher un peu.

Une fin poignante

Dans la saison 3, la thématique principale va être le premier vote de toute une génération en 2017. Cela pourrait tout autant se nommer « Chroniques d’une jeunesse désabusée ». Le fait de voter contre quelqu’un plutôt que pour un parti. J’ai vraiment ressenti cette agressivité qui flottait dans l’air à ce moment-là, et qui m’avait beaucoup choquée d’ailleurs. Il est intéressant que l’auteur mette les attentats et leurs conséquences sur la psychologie des masses en face du vote. Et j’ai surtout apprécié qu’il démontre que les jeunes sont prêts à s’engager, qu’ils ont envie de changer les choses. Ce ne sont pas ces losers qui ne s’intéressent à rien, ce que semblent penser de nombreuses personnes plus âgées.

Au delà des thématiques et réflexions, j’ai beaucoup aimé la poésie qui se dégage de l’oeuvre. Caumes continue de noter sa vie, ses ressentis, et parfois, il le fait en vers, ou sans ponctuation. Cela donne un rythme et une ambiance encore plus spéciale à l’histoire. C’est encore plus touchant, en fait. 

En plus de cela, Arnaud Cathrine intègre de la musique, des paroles qui résonnent de facon particulière pour ces jeunes. Suicide Social d’Orelsan m’a tout particulièrement interpellé, sachant que c’est une de mes chansons préférées lorsque je suis en colère contre les injustices du monde. Il en va de même pour Réalitée augmentée de Nekfeu… Bref, j’ai aussi tendance à chercher les mots dans des paroles de chansons, du coup, cela m’a beaucoup parlé.

Si le premier tome de la saga A la place du coeur reste mon préféré pour les émotions transmises, j’ai tout de même beaucoup aimé la troisième saison. De nouvelles thématiques sont abordées, puisque les personnages grandissent, et nous évoluons avec eux. C’est une belle fin, que la saga méritait.

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