Filles du vent
Résumé
Lina, Assa et Céline, trois adolescentes placées dans un foyer à Argenteuil, ne partagent rien, hormis le quotidien atypique des mineurs de la protection de l’enfance. Lina, habitée par une immense violence, refuse les étiquettes que les adultes lui assignent. Assa rêve d’une adolescence normale et se réfugie dans les études et la littérature pour oublier une histoire familiale douloureuse. Céline, déscolarisée et fugueuse invétérée, vit au jour le jour et se prostitue par ennui autant que par besoin d’exister. Alors qu’à l’automne 2019, la vague #noustoutes déferle sur la France, chacune y trouve un écho à sa propre histoire. Et pourtant, aucune d’entre elles n’y est vraiment représentée. Ensemble, elles se lancent alors dans une fugue itinérante, pour couvrir les façades des plus grandes villes de France de collages qui portent la voix de ces adolescentes invisibles.
Ma note
Un récit qui me touche de plein fouet
Dés l’annonce des éditions Charleston à propos du Prix de l’Heroïne Engagée, j’étais déjà très curieuse de la lauréate. Ce concours d’écriture s’annonçait prometteur. D’abord, j’ai adoré le coup de cœur du jury, Un jour de plus de ton absence. Je vous parle donc aujourd’hui de l’autre finaliste 2021, Filles du vent.
Il y a 15 ans, j’aurai pu me retrouver dans la situation des jeunes femmes de cette histoire. Puis, plus tard, j’ai décidé qu’il était à mon tour temps de m’engager. A 17 ans, j’ai donc choisi de faire un DEUST pour devenir éducatrice sportive spécialisée. Mais lorsqu’on est touché de trop prêt, lorsqu’on est non seulement impliquée, mais aussi concernée, il est difficile de prendre du recul et d’aider. Me voici donc archiviste-documentaliste. Mais vous imaginez bien que je me suis reconnue en l’une de ces jeunes filles très particulièrement. Que ce récit m’a percuté de plein fouet.
« La main gauche posée sur ma bouche, une larme coule le long de ma joue. Ce n’est pas une larme de tristesse, ni de douleur. Elle ressemble plutôt à la larme de la sororité. »
Ces jeunes femmes à l'honneur
Il y a tant de réalités à l’ASE qu’il y a de personnes concernées. Aucune histoire ne se ressemble, parce que chaque individu est différent. Et en fonction des gens que l’on croise, des gens avec qui l’on vit, tout peut changer. Au détour d’une rencontre, d’une lecture, d’un morceau musical, tout peut basculer. On peut se retrouver engagée, à traverser la France pour faire entendre sa voix. Et à la fois, on en découvre énormément sur le parcours qu’ont tant de jeunes filles « placées », alors que justement elles pensent ne pas avoir de place dans notre société. Comme Céline, Assa et Lina. Elles font face, au quotidien, à de nombreux aprioris. Ce que je retiens de ce roman, c’est que Mathilde Faure cherche à nous démontrer qu’elles peuvent nous surprendre, si on leur en donne la possibilité. En attendant, elles font comme elles peuvent.
Un prix amplement mérité
La réalité du détachement de soi, de la prostitution des adolescentes, de la colère liée à l’injustice sociale m’a énormément touché. Cela me semblait si important à véhiculer ! Tout le monde n’a pas la chance de grandir dans une famille fonctionnelle. Et quand dés le départ, on se retrouve énormément livrée à soi-même, à devoir gérer alors qu’on devrait être entrain de jouer aux legos, a essayé de comprendre le monde des adultes pour tout anticiper, comment peut-on se construire ? Comment peut-on se dépasser soi-même ? A travers son intonation très young adult, qui change d’ailleurs, dans le catalogue Charleston, Filles du vent aborde de nombreuses problématiques importantes avec beaucoup de justesse.
Au niveau du prix de l’Héroïne engagée, je pense qu’il faut autant lire Filles du vent qu’Un jour de plus de ton absence, tant les deux lauréates sont complémentaires dans leurs engagements, et pourtant si différentes. Filles du vent m’a énormément fait pleurer, tant les messages transmis m’ont frappé. Résolument féministe, découvrir une partie de la réalité de ces jeunes filles de l’ASE m’a beaucoup touché, et je ne peux que recommander ce roman. Un coup de coeur !
Cet article a initialement été publié sur mon ancien blog.
[…] Cette chronique a été publiée sur mon nouveau blog. […]