Grand SIlence Reval Rojzman

Résumé

Le silence avant la tempête. Sur une île imaginaire, une microsociété citadine vit entourée de montagnes et de forêts. Clotilde et Paulo forment un couple heureux et, pour célébrer leur union, ils organisent une grande fête de mariage réunissant leurs deux familles. L’agitation induite par les danses, les conversations et les verres engloutis offrent un interstice de liberté aux enfants présents. Ils en profitent pour s’échapper discrètement dans les bois alentours et commettre de gentils méfaits.
Mais Octave, le frère de Clotilde, les a repérés. Octave est un homme important dans cette contrée, il est député des Hauts Sommets. Intéressé par les enfants, il les suit, coince Freddy dans la forêt toute proche et l’agresse sexuellement. Freddy a honte, il a peur, sa tête se détache de son corps, les feuilles meurent autour de lui mais il ne dénonce pas, il garde le silence. Tandis qu’Octave est retourné à la fête et boit du champagne.
Six années passent, Clotilde et Paulo se séparent. Ils se divisent alors la garde de leurs jumeaux, Ophélie et Arthur. Arthur reste avec son père qui reçoit momentanément Freddy, dorénavant âgé de 18 ans. Le jeune homme est paumé, alcoolique et devient agresseur après avoir été victime. Ophélie habite avec sa mère, qui reçoit de son côté Octave… Les deux enfants ne dénoncent pas, ils gardent le silence.

Ma note

4/5

Un travail important sur la thématique de l'inceste

Etant concernée par Grand Silence, j’ai forcément été touchée par cette histoire au fond de mon âme. En plein travail sur les violences subies dans ma propre vie, notamment petite enfance, je ne pouvais pas passer à côté de ce récit. Non, il n’est confortable à lire pour personne, c’est une certitude. Être témoin, même dans une fiction, des faits commis, notamment sexuels, sur des mineurs tout particulièrement, prends à la gorge. Dés le début, le récit m’a coupé le souffle, et m’a comprimé le thorax. Mais est-ce que pour autant, il faut fermer les yeux ? N’est-ce pas justement le fléau de notre société ? 

"C'était plus simple d'ignorer tout çà, moins douloureux aussi. On pensait qu'on ne pouvait rien y faire."

Une approche intelligente et percutante

A la fin de la BD, l’autrice explique pourquoi elle a transposé ce récit dans un monde fictif. Et j’ai trouvé ses explications très juste. Lorsque cela concerne une personne, on a tendance à le balayer d’un revers de main. Ici, le scénariser permet de le mettre à plus grande échelle, et de vraiment démontrer l’ampleur des dégâts. J’ai trouvé ce point de vue très pertinent. Les couleurs chaudes, l’effet automnal, procurent une certaine mélancolie à l’ensemble, qui fait vraiment ressortir le mal-être des enfants concernés. Grand Silence démontre réellement que personne n’est épargné lorsqu’une personne commet un inceste ou violente un enfant d’une quelconque manière. Cela peut être en n’écoutant pas, tout simplement. En décrédibilisant, ou en fermant les yeux. En soutenant l’agresseur. J’ai trouvé l’ensemble hyper incisif et parlant, notamment les bulles sans texte qui en disent pourtant très long. 

Des illustrations sans tabou

Du côté des illustrations, rien n’est caché. C’est un récit sans tabou, qui force à regarder. Ce n’est pas facile, bien sûr. Mais fermer les yeux ne rendra pas la situation moins réelle. Les statistiques ne seront pas moins hautes si nous faisons comme si de rien n’était. On ne voit pas de scène à proprement parlé au moment des faits, mais on voit les enfants avant, et on les revoit immédiatement après. Le doute n’est jamais permis. J’ai trouvé cela très bien réalisé. 

Alors, pourquoi pas de coup de coeur ? Ou plutôt, pourquoi pas un cinq étoile, étant donné qu’il est difficile d’avoir un coup de coeur pour une récit de ce type ? Je pense qu’à chercher absolument à éviter le pathos, il manque un brin de sensibilité. Et c’est, je pense, le côté fantastique du récit qui à crée cette différence de mon côté. Mais je recommande tout de même Grand Silence. Simplement parce qu’il faut en parler au plus grand monde, et globalement, j’ai trouvé le récit très juste. 

Si vous êtes victime de violences sexuelles, ou si vous en êtes témoins, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de SVS – Stop aux violences sexuelles

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