Ce que nous desirons le plus de Caroline Laurent

Résumé

Écrire est la réponse que je donne à une question qu’on ne me pose pas.
Un jour une amie meurt, et en mourant au monde elle me fait naître à moi-même. Ce qui nous unit : un livre. Son dernier roman, mon premier roman, enlacés dans un seul volume. Une si belle histoire.
Cinq ans plus tard, le sol se dérobe sous mes pieds à la lecture d’un autre livre, qui brise le silence d’une famille incestueuse. Mon cœur se fige ; je ne respire plus. Ces êtres que j’aimais, et qui m’aimaient, n’étaient donc pas ceux que je croyais ?
Je n’étais pas la victime de ce drame. Pourtant une douleur inconnue creusait un trou en moi.
Pendant un an, j’ai lutté contre le chagrin et la folie. Je pensais avoir tout perdu : ma joie, mes repères, ma confiance, mon désir. Écrire était impossible. C’était oublier les consolations profondes. La beauté du monde. Le corps en mouvement. L’élan des femmes qui écrivent : Deborah Levy, Annie Ernaux, Joan Didion… Alors s’accrocher vaille que vaille. Un matin, l’écriture reviendra.

Une reconstruction de soi dans la violence d'un fait extérieur

Lisez-vous des autobiographies ? J’avoue que c’est rarement mon cas, mais je ne pouvais pas passer à côté de ce récit de Caroline Laurent. J’avais eu un coup de coeur pour Et soudain, la liberté que l’autrice avait co-écrit avec Evelyne Pisier. Forcément, lorsque La Familia Grande est parue, ça a été une douche froide. Si cela a été un tel choc pour le public, on n’imagine pas ce que cela a été pour Caroline Laurent. Après plus d’un an de silence (qui lui appartient, ce n’est en aucun cas un jugement), elle revient sur ce choc violent dans Ce que nous désirons le plus.

"Le chagrin est un pays de silence. On le croit à tort bruyant et démonstratif, mais c'est la joie qui s'époumone partout où elle passe. Le chagrin, le vrai, commence après les larmes. Le chagrin commence quand on ne sait plus pleurer."

Un message clair

Évidemment, cela va sans dire que ce texte ne se lit pas sans avoir lu les deux autres cités précédemment. Il est donc également compliqué de dire si j’ai aimé ou non, cela est bien trop personnel et reviendrait à la juger, elle. Et c’est bien la dernière des choses qu’elle mérite ou dont elle a besoin. Mais ce que je peux vous dire, c’est que j’ai aimé sa plume et j’ai trouvé le message clair et juste, une fois ce livre refermé. Dans le cadre de cette réflexion sur la reconstruction de soi, on ressent le long cheminement du choc, de l’ombre qui se pose sur elle.

Pas indispensable mais une approche personnelle

Parfois décousu, très sombre au départ, elle nous parle de secrets de famille, et de cette position compliquée qu’est la sienne. Ce récit vient compléter cette histoire de femmes qui prennent là paroles ou qui se taisent autour de tragédies masculines terribles. Ce que nous désirons le plus est un texte profond que je recommande, suite aux 2 autres. Je précise, cela dit, qu’il n’est pas indispensable, mais qu’il ne faut en aucun cas lire Et soudain, la liberté, sans lire La Familia Grande ensuite. Aussi terrible que cela puisse être.

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