Un tout petit bout d'elles Beuchot Zidrou
Résumé
Yue Kiang travaille sur un site d’abattage d’arbres pour une entreprise chinoise. Comme beaucoup de ses compatriotes, Yue Kiang a une « amie » couleur locale, Antoinette. Il s’est aussi attaché à Marie-Léontine, la fillette de sa fiancée.
Un soir, dans la couche de sa belle gazelle, Yue découvre la blessure intime d’Antoinette : une cicatrice terrible, comme une injure à sa féminité. Combien sont-elles comme elle, exilées de leur propre corps, victimes d’une tradition aussi monstrueuse que tenace ? Combien ?
Elles sont 150 millions de par le monde.
Mais qu’importe à Yue et Antoinette ces chiffres qui donnent le vertige. Seul leur importe Marie-Léontine. Que jamais la fillette ne soit, à son tour, victime de cette tradition abjecte !
Ma note
Une découverte interpellante
Je découvre pour la première fois une œuvre de Raphaël Beuchot, mais du côté de Zidrou, j’en ai déjà lu plusieurs. Je n’ai tellement pas aimé L’adoption que je ne vous en ai même pas parlé. Elle était si cynique que j’avais du mal à savoir quoi en penser. Par contre L’obsolescence programmée des sentiments m’a vraiment convaincue, donc je me suis dis que pour cet été, j’allais retenter une BD de cet auteur. Et j’ai bien fait ! Un tout petit bout d’elles m’a beaucoup plu. La couverture, représentative des illustrations, m’a d’emblée interpellée. C’est d’ailleurs moi qui l’ai choisi pour cette année à la médiathèque, je pense donc qu’il pourra toucher pas mal de monde, en plus de parler d’un sujet essentiel : l’excision et toutes les mutilations génitales féminines.
"Un pauvre qui vote aura toujours moins de pouvoir qu'un riche au bord de sa piscine."
Un récit humain et touchant avec un graphisme parlant
Dans Un tout petit bout d’elles, j’avais peur de tomber dans le même cynisme que celui de L’adoption. Et au début, on dirait un peu. Mais très rapidement, on sent la dénonciation du racisme et du sexisme, avec une mise en situation. De ce fait, j’ai trouvé Yue immédiatement très touchant. Les auteurs s’attaquent au colonialisme d’hier, mais surtout à celui d’aujourd’hui, avec l’accent mis sur les violences faites aux femmes, par des femmes, notamment au Congo, mais historiquement dû aux hommes. J’ai trouvé la BD très touchante, dénonciatrice et absolument révoltante. Les illustrations m’ont beaucoup plu, bien qu’elles soient graphiques et violentes pour certaines planches. Les personnages du récit humanisent vraiment profondément ce récit, et c’est ce qui m’avait manqué dans l’Adoption justement.
De l'information pour éduquer
A la toute fin de la BD, on découvre tout un cahier explicatif sur la pratique de l’excision et des mutilations génitales féminines. Je connaissais déjà cette coutume (mondiale, précisons-le !). Mais trouver des statistiques aussi élevées et encore autant d’actualité m’a absolument horrifié. Cela souligne d’autant plus l’importance d’en parler et d’éduquer, surtout les femmes, sur l’impact du patriarcat sur leurs vies et leurs corps. Entre violences, racisme, sexisme, patriarcat et colonialisme, Un tout petit bout d’elles aborde de nombreux sujets d’actualité au Congo qui m’ont vraiment interpellés. Je recommande !