Vis ma vie de filc Juliette Alpha
Résumé
Juliette Alpha, gardienne de la paix « lambda », est confrontée à l’ultraviolence des manifestations parisiennes en 2018. Le récit qu’elle en fait sur Twitter bouleverse 700 000 lecteurs et l’encourage à témoigner, dans un livre-vérité qui fera date, sur ce qu’est aujourd’hui le quotidien des flics.
Vivre la vie de Juliette Alpha, c’est d’abord faire face, seule, à des difficultés matérielles et psychologiques. C’est ensuite, très vite, traverser l’enfer : Charlie Hebdo et le Bataclan. C’est voir alors s’effondrer ce en quoi l’on croit.
Vivre la vie de Juliette Alpha, c’est capter ce sentiment si particulier qui anime une brigade. C’est assumer le fait que la vie de vos collègues dépend des décisions que vous prendrez en une fraction de seconde.
Vivre la vie de Juliette Alpha, c’est apprendre qu’à Paris, en 2022, la détresse et la misère sont partout et que ses missions dépassent souvent le cadre de Police Secours.
Vivre la vie de Juliette Alpha, enfin, c’est accepter de mettre, chaque jour ou presque, son existence en danger, parce qu’au fond de vous-même, vous restez convaincu(e) de la grandeur de votre mission. Avec ce récit, Vis ma vie de flic, Juliette Alpha brise ainsi l’omerta avec courage, conviction, humour, lucidité et émotion.
Ma note
Un récit immersif indispensable
J’ai rencontré Juliette virtuellement l’été dernier, lorsqu’elle a pris une jolie place sur Bookstagram, après avoir développé son compte policier. Et quelle belle rencontre ! J’ai tant aimé papoter avec elle que j’ai eu la chance de la voir 3 fois en 2 mois, en fin d’année, notamment au moment du village de Noël des éditions Charleston. Alors, forcément, mon avis littéraire sur son livre Vis ma vie de flic est d’autant plus subjectif. Il me tenait à coeur de le clarifier.
Mais découvrir son roman, c’est un peu comme la rencontrer. Juliette écrit comme elle parle, ce qui rend le récit de son parcours de vie d’autant plus immersif. Et drôle, parce qu’elle me fait beaucoup rire avec son humour proche du mien ! J’avais l’impression qu’elle était assise sur mon canapé à me conter son histoire. Et j’étais complètement suspendue à ses lèvres. Parce que Vis ma vie de flic nous plonge tête la première dans le rôle de gardien de la paix, et quelle révélation
"J'aurai réussi mon pari si, en terminant ce livre, vous portez un autre regard sur la Police Secours."
Une découverte complète des tâches de la police parisienne
Plutôt lucide sur moi-même, je sais que je suis rapidement outrée, et donc une bonne pigeonne des réseaux sociaux. (Minute honnêteté). La police est une cible de choix dans les chroniques journalistiques, surtout suite aux nombreuses vidéos aujourd’hui postées sur les réseaux sociaux. Ce que propose Juliette, c’est de prendre quelques instants pour observer le travail de Police Secours à Paris, qui est certainement la plus commentée en ligne.
Et quelle claque. J’ai appris tant de chose en 380 pages ! Je ne connaissais absolument pas l’ampleur de la tâche de ces fonctionnaires. Son but : les ré-humaniser. Elle a réussi avec brio. D’autant plus qu’à la fin du livre de poche, elle prend du recul, plusieurs années après, sur son propre texte. Et y apporte un peu de finesse en plus. Elle adoucit quelque peu son discours. On la sent mûrie, quoi que toujours passionnée. S’en suit un texte de Mathieu Zagrodzki, chercheur en sciences politiques, qui propose un contre-pieds aux propos de l’autrice avec beaucoup d’intelligence et de respect pour elle et son point de vue.
Vis ma vie de flic : un titre qui tient ses promesses
Le récit se compose de 5 chapitres dans la version poche, et ce qui m’a marqué dans la première, c’est son amour, petite fille, pour Julie Lescaut. C’est là que l’on se rend compte, en tant que femme, de l’importance d’un modèle féminin. Cette héroïne de série TV a généré une vocation. Juliette vient elle aussi répondre à un besoin de modèle : celui d’une vraie flic qui te raconte son métier dans Vis ma vie de flic. Elle nous livre ses missions de la Police Secours. Celles dans la misère humaine, dans la violence, dans ce qui peut aussi parfois sembler inutile mais qui crée pourtant un lien dans un contexte neutre.
Certaines missions me sont allées sous la peau et auraient presque méritées un trigger warning. Quoi qu’on se doute que la police voit des horreurs, on n’imagine finalement pas à quel point. Surtout : Juliette ne nous cache rien et ne nous ménage pas. C’est ça, son quotidien. Et puis, elle est devenue flic en 2015. Encore en école de police en janvier, et sur le terrain en novembre… Mes larmes ont coulé tant elle a véhiculé l’intensité émotionnelle de ces moments terribles, qui ont traumatisé la France.
Alors peut-être que j’ai du très souvent revenir au glossaire de la fin, à cause du jargon utilisé, c’est vrai. Mais il n’y a pas plus immersif que ce documentaire intéressant. Et bien plus réaliste que les enquêtes de TMC. Forcément, je ne peux que vous inviter à le lire si vous cherchez un point de vue honnête et sans filtre à ce quotidien et cette vocation de flic, grâce à Vis ma vie de flic.
