Sa préférée

Résumé

Dans un village des montagnes valaisannes, Jeanne grandit en apprenant à éviter et à anticiper la violence de son père. Sa mère et sa soeur aînée semblent résignées tandis que les proches se taisent. Après le suicide de sa soeur, Jeanne, devenue institutrice, s’installe à Lausanne. Peu à peu, elle se construit, s’ouvre aux autres et s’autorise à tomber amoureuse.

Ma note

4.5/5

Impossible de passer à côté

C’est en le cataloguant pour la médiathèque que j’ai découvert Sa préférée. J’étais complètement passée à côté de ce roman lors de la dernière rentrée littéraire. Heureusement qu’il a croisé mon chemin ! Je l’ai mis dans ma valise en direction de la Savoie, et il a même passé Lausanne. C’est toujours quelque chose qui prête à sourire pour moi, lorsque le roman va là où se passe l’histoire. Ici, nous passons des montagnes valaisannes à la ville. J’ai découvert un autre aspect de la Suisse, entre la bourgeoisie et les gens modestes de la campagne et ce que cela implique en terme de cohésion sociale. 

"Je suis gaie, soulagée d'être loin de là d'où je viens. Cent kilomètres. Une peccadille. Pourtant, l'un après l'autre, ces kilomètres ont poli mes origines jusqu'à les rendre invisibles. En surface."

A un cheveux du coup de coeur

Sa préférée m’a immédiatement propulsé dans mon adolescence. Quand je dis cela, ce n’est rien de joyeux. La violence faisait partie de ma vie. Je ne m’en cache pas, puisque je ne suis en rien responsable du climat qui régnait à la maison. Le roman explore justement cela. Comme la narratrice, je n’ai pas à culpabiliser, mais cela a forcément un impact sur notre vie. A jamais. La maltraitance ne nous lâche pas, on apprend à vivre avec. C’est peut-être en cela, d’ailleurs, que je n’ai pas adhéré à la fin. Je ne veux rien dire de plus, le roman se lit suffisamment vite et de façon fluide pour que vous puissiez la découvrir par vous-même. Mais c’est ce qui fait que cette histoire n’est pas un coup de cœur. 

Une lecture essentielle mais difficile

C’est un roman dur. Difficile à lire. Mais il a aussi été pour moi une réelle prise de conscience. Le fait d’être paralysée par certains bruits, d’avoir dormis la lumière allumée pendant des années en tant qu’adulte… bref, je me suis retrouvée dans ces traumas. Le père d’Emma et Jeanne est encore un cran au dessus de ce que j’ai pu vivre moi, en plus. Attention aux âmes sensibles, donc. J’ai été choquée, surprise, puis déboussolée au fil de ma lecture. Elle est poignante, mais aussi difficile à lire, soyez préparé.

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