Mon père ma mère mes tremblements de terre

Résumé

Dans cette salle, Charlie, quinze ans, patiente avec sa mère. D’ici cinq heures, son père sortira du bloc. Elle s’appellera Alice. Durant ce temps suspendu, Charlie se souvient des deux dernières années de vie de famille terrassée. Deux années de métamorphose, d’émoi et de rejet, de grands doutes et de petites euphories. Deux années sismiques que Charlie cherche à comprendre à jamais. Sur sa chaise d’hôpital, tandis que les heures s’écoulent, nerveuses, avant l’arrivée d’Alice, Charlie raconte alors la transition de son père, sans rien cacher, ce parcours plus monumental qu’un voyage dans l’espace, depuis le jour de Pâques où d’un chuchotement, son père s’est révélée. Où pour Charlie, la terre s’est mise à trembler.

Ma note

5/5

Chef d'oeuvre

Je me réjouissais tant de voir Julien Dufresne-Lamy sortir un nouveau roman, et les éditions Belfond ont eu la gentillesse de me l’envoyer en 2020. A l’époque, ce roman était l’unique sortie que j’attendais avec grande impatience en cette rentrée littéraire. Julien Dufresne-Lamy avait déjà signé un fabuleux coup de cœur avec Jolis jolis monstres, j’avais donc plus que hâte de découvrir celui-ci. Et je n’ai absolument pas été déçue. Il nous livre ici un roman magnifique sur une relation père-fils, et sur l’acceptation et l’amour. Une histoire familiale bouleversante de justesse tant les émotions qu’il nous décrit sont réelles. C’est une histoire parmi tant d’autres. Mais prendre la position d’un fils qui observe la transformation du corps de son père en femme n’est certainement pas chose aisée, et pourtant il le fait avec brio.

« La jeune fille me souriait et dans son sourire, je ne comprenais pas encore qu’elle me disait : il faut accepter de ne pas comprendre les choses mais comprendre qu’elles existent. »

Une transition familiale

Tout en étant réaliste, puisqu’il donne la parole à un adolescent de 15 ans, sa plume reste fluide et poétique. Aucune maladresse, je n’ai jamais eu une impression de décalage. Pourtant cela m’arrive souvent lorsque des adultes donnent la parole à des personnages jeunes. Sous forme de pendule, nous passons ses 5 heures avec Charlie, et revivre avec lui ces deux années qui étaient intenses pour toute la famille. Entre colère, déception, tristesse mais aussi beaucoup d’amour, d’acceptation, d’instruction et d’intelligence. Charlie va beaucoup se renseigner, et en tant que scientifique en devenir il se questionne énormément, autant sur le corps de son père et ce qu’il ingère, mais aussi sur la transformation psychologique de celui-ci, et ses propres changements émotionnels. On n’en oublie pas pour autant que c’est un adolescent, il a donc ses moments plus sombres.

Un roman sociétal

Accompagner Charlie et sa maman dans cette salle d’attente est un moment important qu’ils nous permettent de partager avec eux. Au milieu de l’attente, il y a aussi la rencontre avec Marin, qui donne une belle leçon d’humilité. Il donne d’ailleurs une leçon, tout court, sur l’identité de genre et met les mots justes sur des termes pas toujours évident à retenir et utiliser à bon escient. Surtout dans une société où les hommes comme les femmes sont hyper-sexualisés constamment. Cela met aussi en évidence les failles de notre société à accepter de changer, rien qu’en linguistique, les termes que nous sommes habitués à utiliser.

Julien Dufresne-Lamy nous offre encore une fois une perle, qu’il faut absolument lire. Mon père ma mère mes tremblements de terre est magnifique de poésie et de justesse, et m’a profondément touché. A découvrir de toute urgence !

Cette chronique de Mon père ma mère mes tremblements de terre a initialement été publiée sur mon ancien blog

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