Mon acrobate Cécile Pivot

Résumé

Ce matin, Izia regarde son mari quitter l’appartement où ils ont élevé leur fille Zoé, renversée par un chauffard quelques mois auparavant. Izia n’a pas un geste pour
le retenir. Elle est soulagée d’être seule avec son chagrin, libre de s’enfermer dans la chambre intacte de Zoé.
Mais au fi l des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau, reviennent. Izia comprend qu’elle doit vivre cet « après » et trouver une activité où nul ne sait rien de sa perte. Elle a l’idée de proposer ses services à des gens souhaitant débarrasser le domicile d’un proche disparu.
Ainsi Izia devient-elle une drôle de déménageuse. Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune homme au franc-parler déconcertant et aux fragilités touchantes.
Cette rencontre, et toutes celles suscitées par son travail incongru, sont les premiers fils bien fragiles qui ramèneront peu à peu cette femme perdue vers la vie.

Ma note

4.5/5

Une nomination méritée

C’est dans le cadre du Prix Harper Collins Poche que j’ai eu la chance de découvrir Mon acrobate. Je sens que ces romans vont tous me toucher, d’une manière ou d’une autre. Ici, j’ai collé au total 15 post-it dans le roman, ce qui est énorme pour moi. De nombreuses citations m’ont chamboulé, tant elles sonnaient justement. L’écriture m’a donc énormément plu. C’est avec mélancolie que l’on plonge dans l’histoire d’Izia, sa rencontre avec Etienne et leur vie commune. Et Zoé. Comment vit-on le décès de son enfant fauchée par un chauffard ? Cette violence et ce choc sont très justement dépeint. Autant du point de vue d’Izia, qui se débat contre cet état de fait, que de celui d’Etienne. J’ai trouvé ce parallèle très parlant. Il a une autre façon de tenir debout, de survivre au quotidien. J’ai aimé qu’il soit un Papa qui se questionne profondément. Son métier s’y prête mais il ne fait pas qu’intellectualiser. Il vit aussi ses émotions. C’est une focus sur la douleur parentale, partagée et solitaire. 

"Les liens familiaux sont parfois incompréhensibles, encombrés par des contraintes que l’on s’invente, des convictions absurdes et des non-dits désespérants."

Une leçon douce sur le deuil

Izia a un projet bien particulier et bien à elle pour apprendre à vivre avec la disparition de sa fille. C’est original et intéressant et les rencontres qu’elle va faire permettent de parler d’une large palette de personnes confrontées au deuil. Toutes ainsi différentes les unes des autres, chacun.e à sa manière d’avancer, tant bien que mal, sur le chemin de la vie et du temps qui passe. Izia apprends à appréhender le deuil et, d’une certaine façon, la mort d’une autre manière. De façon plus détachée, peut-être. Mais surtout de manière plus globale. Il y a autant de deuils qu’il y a de gens. Etonnamment, ce roman m’a aussi forcé à me poser la question : qu’est-ce qui compte pour moi, chez mes parents ? Quels objets me tiennent à coeur ? Qu’est-ce que ça dit de nous ? C’est ainsi une jolie leçon sur le temps qui passe, et ce qu’on en fait. Comment on le meuble, parfois très littéralement. 

Une douleur individuelle partagée

Mais que sait-on de la douleur de l’autre lorsqu’on est enfermé dans la sienne ? Le deuil d’Izia et Etienne n’est pas qu’individuel, il est aussi commun. Dans Mon acrobate, Cécile Pivot contre ce cliché romanesque qu’on se reconstruit en un an top chrono. Petit à petit, on suit le lent apprentissage de ces parents à vivre avec le fait que leur fille n’est plus, sans toutefois se faire à l’idée. J’ai trouvé ce traitement du sujet très juste. Samuel, un personnage secondaire important et que j’ai d’emblée apprécié, apporte une touche de légèreté à l’histoire malgré tout. Une petite pincée d’humour, parfois. Sans rire aux éclats, il permet à un sourire d’émerger. Si je n’ai pas eu de coup de coeur, c’est parce qu’il aurait fallu que je le lise d’une traite, je pense. L’aspect très mélancolique et psychologique, sans trop d’événements, fait qu’en sortant du récit on s’en détache, je pense. Pour se protéger, peut-être ? Néanmoins, Mon acrobate m’a offert de nombreuses réflexions intelligentes que je vais garder précieusement avec moi. C’est pourquoi je le recommande vivement. 

2 commentaires

  1. bonjour, comment vas tu? la couverture me fait penser à celle de Mon amie Adèle de Sarah Pinborough. d’ailleurs je te conseille ce livre. passe un bon jeudi et à bientôt!

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