Les reflets changeants
Résumé
Nice, en plein mois de juillet. Elsa, la vingtaine, oscille entre deux hommes. L’un ne lui convient probablement plus, l’autre lui fait encore un peu peur. Jean, 50 ans, voyageur frustré, est conducteur de train. Il est forcé de rester à terre pour s’occuper d’Alda, sa fille, arrivée un peu trop vite dans sa vie, suite à une passade amoureuse.
Du haut de ses 80 ans, Emile, devenu sourd pendant la guerre d’Algérie, supporte de moins en moins le silence dans lequel il est enfermé. Trois personnages qui ne se connaissent pas, mais qui vont se croiser cet été-là… Une rencontre qui ne les laissera pas indemnes.
Ma note
Des illustrations douces et belles
Dés le début de la lecture de Les reflets changeants, j’ai aimé les illustrations. Ce à quoi je m’attendais, évidemment, puisque j’ai déjà adoré Le chœur des femmes et Il fallait que je vous le dise de la même autrice. Me voici d’ailleurs à jour dans sa bibliographie BD ! C’était mon objectif de cet été, vu la couverture (une évidence). Petit warning avant toute chose, tant que l’on reste du côté illustrations : il y a des moments graphiques, bien que tout en douceur intime. C’est important de le dire pour ceux que cela pourrait indisposer. Je vais passer à la partie difficile de ma chronique : vous en parler sans rien spoiler ! Un exercice parfois compliqué, vous en conviendrez.
"Le regard des garçons me terrifiait, comme un miroir grandissant pointé sur tout ce qui m'insécurisait."
Deux personnages cabossés
Nous rencontrons trois personnages, comme le dit le résumé. Elsa se voit engluée dans une relation sur laquelle je me suis méprise, au départ. Pourtant, on saisit tout de suite ce qu’elle ressent, cette manière qu’elle a d’être coincée et de vouloir tout bien faire. L’incompréhension des autres, aussi, face à son couple. Jean, lui, m’a immédiatement attendrie, ce qui m’a surprise. Ceux dans le rôle du père défaillant ne sont pas ceux à qui je m’attache, d’habitude. Mais ses angoisses m’ont parlé, j’ai ressenti ce piège qui s’est refermé sur lui, et qu’il assume comme il peut. C’est à cela que, parfois, on voit qu’on a réussi à pardonner : grâce à un roman graphique.
Un développement surprenant
Le troisième protagoniste dans Les reflets changeants est Emile. C’est un papi raciste, qui souffre au quotidien des séquelles de la guerre d’Algérie. Rassurez-vous, Jean est là pour contrebalancer et dénoncer son point de vue. La conclusion est d’ailleurs très touchante et rend Emile encore plus réel. Les vies de ces trois personnages vont s’entrecroiser, d’une manière que je n’attendais pas. Aude Mermilliod à donc vraiment su me surprendre. J’aurai voulu plus d’émotions, comme toujours lorsque je passe à côté d’un coup de cœur, mais elle avait mis la barre si haute avec ses deux autres histoires d’un tout autre registre, que ce n’est pas étonnant. Le format est très original par contre, surtout la partie cahier, que j’ai beaucoup aimé. Malgré ce petit manque d’émotions je le recommande vivement !