Fouta Street Laurence Gavron

Résumé

Takko Deh est sénégalaise. Promise depuis sa plus tendre enfance à Yoro Sow, un cousin qui habite à Brooklyn, elle est mariée sans le connaître et part le rejoindre à New York. Yoro est un bon mari, un mari dans les normes, un homme juste et sans méchanceté mais pour qui l’amour a peu à voir avec les choses de la vie.
Un soir, Takko disparaît du domicile conjugal. Les rumeurs sur ce départ honteux se répandent comme une traînée de poudre dans les milieux traditionalistes de la communauté peule new-yorkaise et jusque dans les régions les plus reculées du nord du Sénégal.
Le poids des coutumes et la succession d’étranges événements viennent alors épaissir ce mystère et nous transporter au cœur d’une enquête passionnante.

Ma note

Un roman surprenant d'amour

J’ai immédiatement été attirée par Fouta Street grâce à la couverture, que je trouve sublime. Cette jeune femme est absolument magnifique, et une fois ce roman terminé, on ne peut que comprendre son regard. Il correspond bien à Takko. C’est une jeune femme bien éduquée, qui suit le mouvement. Je n’avais pas l’impression de la connaître, je la voyais effacée, douce mais taciturne. Jusqu’à ce que son cœur réveil son corps. Et quoi de plus beau que de voir une femme s’éveiller, se rendre compte de ce qu’elle vaut, sublimée par l’amour d’un homme bon et profondément amoureux ? C’est pourquoi il se trouve dans la saison de la Saint-Valentin, malgré le fait que ce soit un thriller.

J’ai vraiment beaucoup aimé cette façon très douce d’amener le féminisme dans l’histoire. Parce qu’il arrive de façon naturelle, sans être forcé, et l’autrice nous démontre à quel point il est là, en chacun de nous si on le laisse venir. Mais elle nous montre aussi un côté plus dur, celui de la famille de Takko, au Sénégal, très traditionnelle et qui ne supporte pas cet affront que lui fait la jeune femme, mais aussi son mari, en la laissant partir, en n’ayant pas su la retenir.

"Comme tant d'autres avant elle, au sein des contrées et de cultures différentes, elle voulait en finir avec la tradition, sans grande théorie, sans se prendre pour une suffragette ou une féministe déclarée, mais juste pour elle-même, dans sa vie, sans revendication autre que son propre bonheur."

Deux continents, deux modes de vies

Par ce biais, par cette famille qui reste au pays, nous rencontrons la culture sénégalaise peule. Je ne connaissais pas du tout cette culture, très honnêtement. Cela a été une découverte pour moi. Je ne savais même pas qu’il y avait des cultures et civilisations encore si reculées dans la brousse du pays. J’ai trouvé que c’était vraiment très intéressant, d’en apprendre plus de leurs coutumes, avec en face l’immigration à New-York. Notamment à travers l’amoureux de Takko. C’est un musicien qui fait de la musique du monde, à Brooklyn, en s’inspirant de tous les sons du monde, mais principalement ceux du Sénégal. Ainsi, on aborde également l’immigration aux Etats-Unis. Un sujet compliqué avec l’arrivé d’un nouveau président en 2017, qui est d’ailleurs évoqué. Mais en même temps, il y a aussi une tolérance incroyable envers ces nouvelles cultures qui viennent s’installer et peupler le nouveau monde.

Un rythme sous-développé

J’ai donc trouvé les thématiques vraiment intéressantes. Mais il faut que je tempère quelque peu mon propos. Notamment à cause de la dynamique. J’ai d’abord bien aimé les chapitres courts, parce qu’ils permettent de lire l’histoire rapidement. Mais d’un autre côté, je trouvais que cela manquait de fluidité. Parce que les chapitres se terminent de façon très abruptes, souvent. J’aurai aimé plus de liens entre eux. Puis, l’histoire prend rapidement une tournure policière, ce qui est une idée vraiment chouette. Néanmoins, je ne l’ai pas trouvé suffisamment approfondie, ou du moins, cadrée. On sait bien trop rapidement qui est la personne coupable. Aucune autre piste n’est suggérée. L’autrice ne cherche même pas à nous induire en erreur. Et je trouve que c’est un peu dommage, même si je comprends que l’enquête n’était certainement pas son but premier en écrivain cette histoire.

Ainsi, Fouta Street m’a propulsé à la fois dans les rues de New-York dont on tient les touristes éloignés, ainsi que dans la campagne sénégalaise. Je suis partie à la rencontre d’une culture que je ne connaissais pas du tout et j’ai pris un réel plaisir à découvrir de nouveaux aspects et recoins de notre beau monde. J’aurai juste aimé plus de fluidité et de dynamisme dans le cadre de l’enquête policière. Un beau roman.

Cette chronique a initialement été publiée sur mon ancien blog

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