Celle qui parle Alicia Jaraba

Résumé

XVIe siècle. Malinalli est la fille d’un chef d’un clan d’Amérique centrale. Peu de temps après la mort de son père, elle est vendue à un autre clan pour travailler aux champs et satisfaire la libido de son nouveau maître.
Un jour, d’immenses navires apparaissent à l’horizon, commandés par Hernan Cortez, obsédé par la recherche d’or. Le conquistador repère Malinalli et son don pour les langues. Elle sera son interprète et un des éléments clés dans ses espoirs de conquête. Elle sera également celle qui aura le courage de dire un mot interdit aux femmes de son époque : non !
Au-delà de la légende, voici l’histoire de la Malinche, vivante, jeune, inexpérimentée, souvent dépassée par les événements, mais avant tout, humaine.

Ma note

5/5

Sois et tais toi

Quel plaisir de vous proposer aujourd’hui mon avis sur une belle BD historique, au sujet des peuples descendants des Aztèques et des Mayas au Mexique. J’ai rencontré à travers cette fiction emprunté à la médiathèque La Malinche, un personnage réel très controversé. Et à travers cet album, on peut aisément comprendre pourquoi. J’ai néanmoins trouvé important de lui rendre la parole, la sienne, même si c’est à travers notre imagination. Parce que nous parlons ici de l’importance de la parole, de l’éducation à la communication pour saisir ce qui nous concerne. Afin de s’émanciper par les mots. C’est aussi un destin de femme incroyable, et une histoire de femmes : celles que toutes les sociétés patriarcales ont rendues muettes. 

"Tu as raison sur une chose, le capitaine est celui qui commande... mais toi tu es celle qui parle."

Être, à quel prix ?

Notre histoire se déroule lors de l’invasion espagnole du territoire Aztèque et Maya. La colonisation s’est faite par les armes et la barbarie, mais aussi par la langue. La conquête européenne à tout dénaturé. Que ce soit la culture, les croyances, les paysages, ou les langues locales. Et au milieu de tout cela, nous rencontrons une femme tiraillée entre les hommes. Entre son peuple, entre ses amis, entre des factions. Où est le bien et ou est le mal lorsqu’il s’agit de pouvoir ? Y a-t-il seulement du bien ? Il n’y a surtout que des prismes, et de l’égoïsme, partout. Alors, Malinalli veut préserver son peuple et sa survie. Mais à quel prix ? Celui, en tous cas, de renoncer à soi, à ses valeurs et tout ce en quoi elle croit.

Un récit identitaire

Je pense que ce qui m’a tant embarqué dans cette histoire, c’est la communication entre les femmes du récit. Elle commence toujours d’abord par des actes. C’est aussi un récit identitaire. De quoi est faite notre identité ? Quel est notre héritage ? Je trouve que Celle qui parle est un fabuleux matériel de remise en question historique, mais aussi psychosociale. Elle aurait notamment plus que sa place au lycée, pour questionner également la suprématie européenne et la conquête barbare des espagnoles sur tout le territoire, et au mépris de l’honneur. J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire et je la recommande ! 

8 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *