Classe de mer
Résumé
C’est parti pour trois semaines de classe de mer, des mois que la maîtresse en parle, nous sommes tous très excités ! Mais comment mes meilleurs amis – pêchant des moules avec des bottes en caoutchouc, pataugeant dans la vase dans leur gestuelle un peu ridicule, pleurant au moindre bobo – peuvent-ils, comme dans les contes, se métamorphoser la nuit…?
Un problème éditorial de taille
C’est en papillonnant à la médiathèque que je suis tombée sur Classe de mer. C’est l’été, le résumé m’a intrigué et je ne savais absolument rien de ce titre. Il y a tout de même quelques trigger warning a prendre en compte, et je trouve qu’ils auraient du être sur la quatrième de couverture. Car cette BD n’est pas pour les gens sensibles. Et je ne parle même pas d’hypersensibles. C’était un peu un choc pour moi, parce que je n’avais pas du tout pu me préparer au contenu.
Parce qu’en soi, je n’ai aucun soucis à lire des histoires sur le harcèlement. Sur la violence entre enfants. Mais il faut que je puisse m’y préparer, pour me confronter à la réalité. Comme il est si bien expliqué à la fin de l’ouvrage, 1 enfant sur 10 en école élémentaire se fait harceler. Il pourrait être judicieux de ne pas replonger les victimes dedans à leur insu.
"Eux s'installent plus loin, ils préparent leur plan. Ensemble, ce ne sont plus des enfants."
Pourtant très juste et nécessaire
Donc oui, Classe de mer est un carnet. Celui de l’auteur, qui déverse sa réalité. Celle qui a été imposée avec violence, pour être ignorée, celle qu’il a tue pour toutes les raisons que nous connaissons. L’auteur extériorise ce qu’il a vécu à l’époque et légitime aussi la colère des victimes à l’âge adulte. Honnêtement, si le sujet était clair, je n’aurai pas été aussi sévère. Parce que c’est essentiel de laisser aux victimes la place pour leur douleur et la possibilité de l’exprimer, et de se faire entendre. De partager avec d’autres. Il y a aussi tout ce cheminement à l’âge adulte, avec la colère sur les non-conséquences sur les vies de nos bourreaux. Je l’ai trouvé très juste. Simplement trop violent dans son approche de vente.
Des illustrations efficaces mais peu violentes
Pourtant, graphiquement, rien n’est vraiment montré. Des hématomes, d’un bleu clair, sur une image, mais autrement tout est dans le texte. Dans la violence de la douleur cachée. Je dois dire que j’ai été fan des illustrations de Marie Eyquem. J’ai l’impression que les dessins sont au crayon graphite, avec des touches éparses de couleurs en aquarelle sur certains endroits. C’est quelque chose que j’ai apprécié ici, car ces touches de peinture apportent une forme de douceur a un texte violent. Les deux se complètent donc très bien. Je suis donc un peu frustrée car je n’ai aucun doute que dans les bonnes conditions, avec les bonnes informations, j’aurai vraiment pu apprécier ce texte.
