Rien ne dure vraiment longtemps

Résumé

Son phrasé est celui d’un garçon pressé. Les images qu’il convoque, autant de coups de feu dans l’âme. L’itinéraire de Matthieu Seel, dit « Charles », ne souffre aucun temps mort.
Sa naissance sous X, son parcours de gosse aux mille questions, qui veut grandir trop vite en espérant un jour pouvoir y répondre, ses premiers pas, puis ses premiers joints dans le 19e arrondissement de Paris où il a grandi et les jardins chics de la rive gauche où il a choisi un blase pour la vie, ses déambulations sous crack dans la rue, le métro, les parkings et sur la Colline, il les raconte.
« Charles » a vogué d’un monde à l’autre, et d’un monde à l’autre, cherchant sa place, un beau jour il a sombré. Mais Matthieu a fini par supplanter « Charles ». Sa rédemption après l’addiction, son sevrage, en équilibre sur un fil ténu, celui de l’existence, il les raconte aussi.

Ma note

4/5

Un témoignage direct

C’est dans le cadre du Prix Harper Collins Poche 2023 que je me suis lancée dans ce témoignage. Rien ne dure vraiment longtemps porte bien son nom : il se lit en effet très rapidement. Je pense qu’il m’a fallut à peine 2h pour en découvrir les 150 pages. Court, vif, incisif, sans tabou : Matthieu Seel se livre. Sans fard. Avec tout ce que cela implique. Dans Rien ne dure vraiment longtemps, l’auteur nous montre bien à quel point psychologie de l’enfance, crack et vie dans la rue sont interconnectés. Pour lui, du moins. 

"Dans le milieu du crack, rien n'a réellement de valeur. Que le caillou. Tout à une durée de vie limitée à la prochaine galette. Au début, c'est impressionnant, mais comme pour tout dans la vie, on s'habitue. Rien ne dure vraiment longtemps."

Une analyse personnelle

Il n’y a pas de date définie où tout commence. A laquelle la descente aux enfers, parce que c’est ce que je lis, débute. Chaque moment dans notre construction peut être décisif, peut-être, mais ce sont surtout tous les petits cailloux dans nos chaussures qui font qu’on ne s’y sent plus à l’aise. Or, tout le monde n’a pas les moyens d’en changer. Qu’ils soient financiers ou psychosociologiques. Parfois, l’issue est tout simplement ce qu’elle est : l’addiction. Mais de nombreux facteurs font d’un addict ce qu’il est. Matthieu Seel nous raconte son histoire, qui n’est celle de personne d’autre. Mais peut-être que quelqu’un lira un jour son histoire, s’y reconnaitra et permettra d’éviter une toxicomanie en plus ? Ou d’en sortir ? Parler, et dans son cas écrire, aussi, est toujours important. 

Indispensable comme tout témoignage

C’est pour ça que j’aime autant lire des témoignages, et d’essais aussi. Parce que chaque récit est unique, mais peut aussi faire une grosse différence. Pour tout vous dire, j’avais moi aussi, psychologiquement et sociologiquement parlant, toutes les prédispositions pour chuter dans ce milieu. C’est d’ailleurs arrivé à un autre membre de ma famille. Mais ma mère a anticipé : elle m’a justement fait lire plusieurs témoignages. Elle a compté sur mon amour de la littérature en glissant quelques livres ciblés dans mon sac, et ça a fonctionné. Alors même si Rien ne dure vraiment longtemps n’a pas été un coup de coeur, il reste nécessaire a mes yeux. Pour nous rappeler que le cycle de l’addiction ne s’arrête jamais. Mais nous sommes suffisamment forts pour le combattre, quoi qu’il arrive, peu importe d’où on vient. Et pour ré-humaniser ces personnes déshumanisées par la société. 

Sur la blogosphère

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