Je te like moi non plus Sophie de Villenoisy

Résumé

Amandine Doucet, jeune professeure de Français, se retrouve parachutée dans un collège sensible de banlieue parisienne. Sur place, le constat est sans appel : elle n’a ni la bosse pédagogique ni l’autorité pour dompter ses élèves. Comment inculquer à ses collégiens le goût des lettres quand les seuls modèles qui les inspirent sont les stars de Youtube et d’Instagram ? Amandine décide alors de s’intéresser de plus près à l’une de ces personnalités : Sandra Faitout, issue de la téléréalité, suivie par des millions d’abonnés. Elle ouvre un compte sur Twitter et rejoint les quelques haters qui harcèlent Sandra Faitout en publiant des tweets assassins. Sous couvert d’anonymat, Amandine soigne ainsi son égo tout en se taillant une réputation de vanneuse ! Mais ce don de médisance qui vire au duel avec son ennemie virtuelle pourrait bien se retourner contre elle…

Ma note

4/5

Une réflexion intéressante

De Sophie de Villenoisy, j’avais déjà lu Courage, rions ainsi que Joyeux Suicide et bonne année. Et les deux m’avaient beaucoup plu ! J’ai donc accepté lorsque les éditions Eyrolles m’ont proposé de découvrir Je te like moi non plus. J’étais très curieuse du parti-pris de l’autrice. Et il m’a forcément fait réfléchir à ce qui s’est passé en France ces dernières semaines, sans que cela soit volontaire du tout. Mais je dois dire que cela a mis quelques éléments en perspective pour moi, sous couvert de l’humour caractéristique et un peu cynique de l’autrice. Parce que quelle considération donne-t-on aux gens que l’on déclare « moins » que nous ? Moins intelligents, moins beaux, mois riches, moins civilisés, et j’en passe ? Alors, on fait quoi des personnes estampillées « cause perdue » ? Et on fait quoi des Marseillais a Dubai ? 

"Si je ne vous croise pas d'ici demain, passez de bonnes vacances ! Et tâchez de lire, n'oubliez pas que les bibliothèques sont gratuites et ouvertes, sinon vous allez tous finir liposucés du cerveau comme notre amie !"

De l'autre côté de la toile, un humain

La différence de point de vue entre Amandine et Sandra est assez percutante. J’ai vraiment ressenti la déshumanisation des deux côtés de la toile. Que ce soit l’une ou l’autre, la personne ne considère les gens plus qu’à travers un pseudo. Une photo qui pourrait aujourd’hui même être générée par une IA. Des émotions ? On ne retient plus que la colère, sa propre aigreur. Elle prend toute la place. C’est une façon de voir rouge, sauf que c’est en bleu Twitter. Amandine va apprendre une belle leçon, elle va devenir comme ses élèves : celle qui ne se contente plus de ce qu’elle a et observe ceux qui, en apparence tout du moins, ont tout. Et surtout, d’après elle, qui l’ont sans l’avoir mérité. 

Peu crédible mais percutant

Mais qu’à donc sacrifié Sandra pour en être là ? A-t-elle aussi peu de mérite que le pense Amandine ? Et même si c’était le cas, n’en paye-t-elle pas le prix fort ? Il est certain qu’elle n’a pas de diplôme d’élite, elle fait de nombreuses fautes et sa façon de parler pourrait être celle d’une cité. Dans Je te like moi non plus, Sophie de Villenoisy donne vraiment la parole à deux personnages diamétralement opposées avec brio au niveau du langage utilisé. Alors, au jeu des réseaux sociaux, qui sera la plus forte ? La plus juste ? La plus intelligente… socialement parlant ? Je dois simplement souligné que ce n’est pas totalement crédible. Imaginez si demain une personne se mettait a harceler avec des punchlines intellectuelles Maeva Ghennam : ses fans seraient immédiatement là pour la défendre, et Amandine se ferait rabattre le caquet en deux tweets sanglants. Mais il m’a tout de même bien fait réfléchir, c’est réussi ! 

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