Comme une lettre à la poste d'Agnès Marot
Résumé
Élaïa est éditrice freelance et bibliophile. Elle reçoit chaque semaine des livres par la Poste de la part des maisons d’édition avec lesquelles elle collabore. Mais, depuis quelque temps, les enveloppes arrivent en retard, froissées, les livres sont cornés et annotés. Intriguée, Élaïa propose un marché à son mystérieux voleur : s’il lui remet ses livres en temps et en heure, elle s’engage à les reposer dans sa boîte aux lettres après les avoir lus. Débute alors une correspondance par livres interposés, où les mots manuscrits rencontrent les mots de papier. Les deux solitaires s’apprivoisent et se dévoilent au fil de leurs lectures… jusqu’à ce qu’Élaïa découvre enfin l’identité de son correspondant. Mais la magie opérera-t-elle dans la vraie vie ?
Un travail graphique surprenant
J’ai mis fin à mon partenariat avec les éditions Eyrolles (par manque de temps, et non de qualité littéraire) sur ce joli roman d’Agnès Marot. C’est l’édition de Comme une lettre à la poste qui m’intriguait tout particulièrement et la promesse a été tenue ! Il y a des citations soulignées, des pages à effet corné (à l’encre, pas en réalité, je vous rassure !). Et, entre les chapitres, des chroniques de romans. De quoi donner envie de découvrir ces histoires aimées par notre protagoniste principale ! J’en ai lu certains moi-même comme Fahrenheit 451, L’écume des jours, Linea Nigra, et évidemment Comme une lettre à la poste ! D’autres sont dans ma PAL tels que 14-14 ou Les mémoires de la forêt et cela m’a donné envie de les découvrir. Je me suis aussi rendue compte que certains mots ou certaines lettres sont soulignées, comme un message secret. Une technique graphique permet d’ailleurs de les retrouver plus facilement une fois qu’on l’a identifié mais je ne veux pas tout révéler ! C’est un joli jeu de piste qui rend la lecture plutôt fun. Je me suis donc amusée à les noter.
"Faire lire les autres, cela avait toujours été sa façon à elle de comprendre les gens. Leur associer des lectures, comme des souvenirs d'anciennes vies vécues, les partager et savoir ce qu'ils en avaient retiré. Cela en disait bien plus long sur qui ils étaient vraiment qu'une banale conversation devant la boîte aux lettres."
Pas pour les puristes du livre papier
Agréable, rapide et divertissant, j’ai passé une après-midi complète avec Elaïa, d’une traite. Parfait pour mon seul jour en pyjama pendant mes vacances ! C’est aussi grâce à l’intrigue, assez originale : les romans que Elaïa reçoit par courrier sont d’abord lus par quelqu’un d’autre ! Quelqu’un ouvre ses colis, lit les romans puis lui remet dans la boite aux lettres. La rage ! Moi-même je ne reçois pas certains romans, c’est à se demander s’ils pourvoient à la bibliothèque de quelqu’un d’autre ? La technique pour récupérer ses romans m’a carrément surprise par contre ! Mais Comme une lettre à la poste fera mal aux puristes du livre, par contre. J’en vois plus d’une avoir les yeux qui saignent en remarquant dans quel état la personne rend les livres à Elaïa. Je l’ai moi-même vécu comme un manque de respect un peu.
De nombreux sujets sous couvert de romance littéraire
Au niveau des sujets, il avait tout pour me plaire : l’amie qui ne veut pas d’enfants, c’est moi. J’ai une amie très heureuse en tant que célibataire mais aussi celle qui coche toutes les cases sociales. Et surtout, j’ai lu Comme une lettre à la poste au bon moment ! Celui où je suis devenue lectrice professionnelle. Elaïa parle bien de ce côté frustrant de ne pas pouvoir poster ses avis à chaud, car les romans sortent des mois voir des années plus tard. Alors qu’on aimerait tant échanger dessus ! Devoir aussi prioriser les lectures professionnelles sur les lectures personnelles, même si on adore son job. En 20 pages à peine, j’étais contente ! Et curieuse de la suite, forcément.
Je lui reproche néanmoins ses longueurs. Comme Elaïa est beaucoup dans sa tête, elle analyse tout à fond et parfois j’avais comme une impression d’écouter un audio trop long avec l’envie d’appuyer sur x2. Mais ce n’est pas surprenant; dans son histoire, je suis son amie Coralie, avec 1000 trucs sur le feu et peu de temps à perdre. J’ai simplement sauté les passages en question. Et plus je m’approchais de la fin, plus je me disais que ce roman n’était pas qu’une ode aux mots et à la littérature, notamment de notre époque contemporaine. C’est aussi un joli roman sur les mains tendues, celles que nous tendons mais aussi celles que nous acceptons pour former une belle danse humaine. Une jolie lecture, en somme !