Et j'ai cessé de t'appeler Papa Caroline Darian

Résumé

Le 2 novembre 2020, Caroline Darian reçoit un appel de la police de Carpentras. Son père est en garde à vue. La saisie de son matériel informatique révèle l’impensable : depuis 2013, il drogue sa femme avant de la livrer, inconsciente, à des hommes, de tous les horizons et sans contrepartie.

Caroline Darian, femme debout, raconte cette déflagration, le périlleux vertige de découvrir qu’une personne aimée, son père, est capable du pire.
Elle alerte aussi sur la soumission chimique, quand l’armoire à pharmacie du foyer se transforme en arme préférée des violeurs…

Une voix forte, exceptionnellement courageuse, qui révèle une autre facette des violences faites aux femmes.

Un témoignage prioritaire dans le cadre du Procès Mazan

Ce roman a rejoint ma PAL en 2022. A l’époque, je me suis dis que la voix de Caroline Darian méritait absolument d’être entendue. C’était une démarche très similaire à celle des témoignages de Vanessa Springora et Camille Kouchner. Mais je n’ai pas trouvé la force de lire Et j’ai cessé de t’appeler Papa tout de suite. Ainsi, il a pris l’eau dans ma PAL. Or, depuis 10 jours, le procès des viols de Mazan à débuté. Et il s’agit de cette affaire-ci, précisément. Le roman vient de sortir chez Harper Collins en poche, et je me suis dis que si je ne trouvais pas le courage de le lire aujourd’hui, alors que j’allais en entendre parler au quotidien, je ne le trouverai jamais. Surtout, j’avais d’abord envie d’être au contact du récit d’une des victimes, de la fille de la victime principale, avant que les médias ne m’abreuvent de culture du viol comme ils savent si bien le faire. 

"Mais, personne ne mesure le prix du banal tant qu’on ne l’a pas perdu."

La misogynie éternelle

Et j’ai cessé de t’appeler Papa est un témoignage construit comme un calendrier. Nous suivons donc vraiment le cheminement émotionnel de l’autrice. Ce n’est pas cru mais il est évident que ce qu’on va lire est d’une violence inouïe sans être explicite pour autant. Elle a trouvé le bon équilibre pour nous livrer son histoire et l’horreur vécue par sa mère, par elle-même par ricochet, tout en ne nous permettant pas d’être voyeuristes pour autant. Dans la même lignée que Le consentement et La familia Grande. C’est encore une fille qui doit prendre la parole car un père / une figure masculine de la génération paternelle est un pervers. Quand est ce que cela s’arrêtera ? Visiblement jamais, vu les âges des hommes sur les bancs des accusés. Les deux livres sont d’ailleurs mentionnés comme ayant « presque soulagés » Caroline Darian, tout en lui « transperçant le cœur ». 

Un combat de longue haleine sur la soumission chimique

Mais Et comment j’ai cessé de t’appeler Papa ne dénonce pas que les agissements de son père en temps que tels. Cela est le sujet central, mais son objectif est surtout d’alerter. Afin que d’autres victimes de soumission chimique, qui n’ont pas conscience de ce qui se passe, puissent identifier les symptômes sur lesquels être vigilants. Entre temps, Caroline Darian a crée une association, « M’endors Pas« , afin d’aider les femmes concernées. Sa remise en question du système français a débuté à la sortie du commissariat. Elle s’est sentie complètement abandonnée, alors imaginons sa mère, avec l’amplitude de l’horreur qu’elle vient d’apprendre ? Tout son combat s’axe désormais sur l’accompagnement des victimes et la mise en avant de cette réalité. Combien de femmes ont été contraintes sous soumission chimique ? Pas de statistique, mais un long combat à mener. 

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