éclore d'Aude Mermilliod
Résumé
Après ‘Il fallait que je vous le dise‘, Aude Mermilliod continue dans ‘Éclore’ à explorer son intimité, sexuelle, sentimentale et psychologique. Elle se livre avec une sincérité et une liberté confondantes à un décorticage en règle, de ses expériences passées, qui l’ont parfois construite, ou détruite, mais dont elle a toujours appris et tiré des leçons. Car c’est bien là le fil rouge de cet album : la résilience. Loin de subir et de se résigner, l’autrice cherche à comprendre, à interpréter, faisant sienne la maxime bien connue de Nietzsche, « ce qui ne te tue pas te rend plus fort ».
Comme une confidence d'un cercle de femmes
Avant de commencer à lire cette BD puis d’en rédiger une chronique, j’ai commencé par relire mon avis sur Il fallait que je vous le dise, puisque c’est une sorte de livre compagnon. Quelle n’a pas été ma surprise de trouver dans Éclore aussi une petite référence aux Reflets changeants. J’adore ces petites touches de rappels pour les gens qui suivent les textes d’un.e auteur.ice. Mais surtout, le lien que j’ai avec Aude Mermilliod, c’est qu’une fois lues, j’offre ses BD. A mes amies. Arrivée à la page 20 je savais déjà que c’était rebelotte cette année encore ! Et ce sentiment s’est ancré en moi comme l’histoire s’est tatouée sur la peau. Parce que c’est la mienne. Et c’est celle de nombreuses femmes, même si c’est une autobiographie.
"C'est dur d'être aussi facilement quittable..."
Jardiner l'intime
Le récit se construit comme une plante. Avec ses racines. Ses branches. Le temps qui passe et qui laisse des marques sur la glycine qu’est notre vie, et qu’est notre corps. Des bouts cassés par le vent. Coupés par la vie. Et par les hommes. Mais la vie d’Aude reflète aussi la mienne, dans sa reconstruction. Car on y croise sa thérapeute, c’est celle qui vient dégager un peu les bestioles autour de la plante, et qui va y remettre de l’engrais. J’aime le fait qu’Aude Mermilliod partage son histoire mais ne compte pas sur son lectorat pour « être sa thérapie », ce qui me gêne beaucoup. Car une thérapie en solo, c’est aussi beaucoup se regarder le nombril, sans avoir de vision d’extérieur. Et la manière dont cette thérapeute le met en avant m’a semblé si juste, dans ses mots si délicats.
Éclore, malgré tout
Après, évidemment, on ne peut pas se reconnaitre dans tout, puisque sa vie est bien la sienne. Et éclore entre des pavés piétinés n’est facile pour personne, mais surtout, nous ne sommes jamais placées exactement au même endroit. Néanmoins, elle explore des notions très universelles avec beaucoup de justesse. Elle en parle juste avec des détails, autant dans les mots que graphiquement. Lorsqu’on lit Aude Mermilliod, on se confronte à la réalités des faits et des corps. Et c’est toujours aussi essentiels. Car peu importe notre sexualité, nous sommes toustes confronté.es à la remise en question de qui nous sommes et de notre parcours. Afin d’aller mieux. Et Éclore est une invitation à chercher le meilleur chemin pour soi, afin d’aller mieux dans un monde chaotique et patriarcale mais qui n’est pas obligé de nous être fatal.
Les autres BD de l'autrice :
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Curieuse de lire celui-ci, j’avais adoré « Il fallait que je vous le dise » et « Le chœur des femmes » !
Tu devrais aimer si tu as aimé les deux premiers, même s’il est encore bien plus intime je trouve 🙂
Je croise très fort les doigts pour pouvoir trouver cet ouvrage à la médiathèque mais sinon je passerai en librairie.
Je te le souhaite !! Je l’ai trouvé dans la mienne après tout 😀